Les mains qui tremblent. Le palpitant qui panique alors qu'il fixe son téléphone vibrant sur la table basse du salon. Malo. Malo. Malo. Il hante chacune de ses pensées depuis trois jours. Baiser volé. Baiser prolongé. Il n'aurait jamais cru que le beau brun puisse ne pas le repousser. Inquiétude montante, le châtain a finalement pris la fuite sans qu'ils ne puissent en parler. Amitié en péril. Il n'ose plus lui parler. Le voir serait une torture. Malédiction. Il a été faible un instant. Il a craqué. Alors que personne ne sait pour son homosexualité. Pas même Malo. Pas même ses parents. Leo, il contracte la mâchoire en y pensant, prenant son visage entre ses deux grandes mains, avant de finalement abdiquer. Il a besoin de parler. De recevoir des conseils. D'en donner, peut-être également. De boire un bon verre de whisky, même si ce n'est clairement pas dans ses habitudes. Non, en règle général, Leo, il est un peu contre l'alcool, mais parfois, il faut se l'avouer, cela ne fait pas de mal. En revanche, le tabac est proscrit. Il ne supporte même pas l'odeur et semble intransigeant avec ses proches pouvant oser fumer sous son nez. Ça coûte cher et ça bousille les poumons. De quoi le rendre fou, le Leo.

De Leo, 16h25.
J'ai vraiment, mais alors vraiment besoin d'aller boire un verre. Duke Of Wellington, ce soir ? Me dis pas non, j'dois te parler d'un truc vraiment urgent, s'il te plaît.

Et Leo envoie son message à Alba, sa meilleure amie depuis le collège. Amitié sans ambiguïté. Douceur dans les mots. Dans les gestes. Il l'aime, Leo. D'un amour tendre, mais pas le même amour qu'il porte à Malo. Malo, il ne l'a peut-être jamais vu comme un véritable ami. Parce que ces sentiments purement amoureux se sont vite faits ressentir. Gamin stupide. Adulte fuyant l'évidence, Leo, il n'a jamais oser en parler au beau brun et pourtant, il sait que ce dernier préfère les hommes, lui aussi. Mariage foireux. Putain. Aurora. Il a vraiment merdé. Leo grogne, donne un léger coup de poing contre le canapé avant de se lever pour aller prendre un bon bain. Baignoire assez grande pour y glisser deux corps enlacés. Il se détend. Il s'échappe de la réalité. Il a même pris une semaine de vacances pour digérer les récents événements. C'est qu'il peut vraiment être con quand il s'y met, Leo.

Moment opportun. Le trentenaire rejoint finalement le pub dans lequel il a parfois l'habitude de se rendre avec des amis. Notamment Rhéa, Malo ou même auprès d'Alba. Soirée en duo. Il va devoir cracher le morceau. Leo pousse la porte du pub pour aller s'installer à la table habituelle. Il sourit à la serveuse, jolie rouquine aux cheveux courts et aux tatouages colorés. « Un gin tonic. » Pour attendre Alba, ça suffira. Il voudrait pas qu'elle lui fasse la morale parce qu'il commence à boire sans elle, ou qu'il boit justement tout seul, comme un vieux alcoolique dépendant de ces idioties. Leo, il soupire longuement, faisant tourner son verre entre ses doigts, regardant par moment le petit bol de cacahuète posé négligemment au milieu de la table ronde. Alba ne devrait plus tarder à présent. Il se demande comment elle va, tiens. Il espère que ça va pour elle.